|

Croix de cendre – Antoine Sénanque


Nous voici transportés en l’An 1367 à proximité de Toulouse. Le souvenir de la Grande Peste, qui a tué près de la moitié de la population européenne moins de 20 ans auparavant est encore omniprésent. Dans ce contexte, le Prieur dominicain Guillaume charge deux jeunes frères de lui procurer du parchemin de la meilleure qualité. Il veut, avant de disparaître, consigner ses mémoires et témoigner des faits auxquels il a assisté, voire participé. Averti de ce projet, Louis de Charnes, le redoutable inquisiteur, va tout mettre en œuvre pour empêcher cette réalisation. Quels secrets pourrait donc révéler le Prieur Guillaume ? En quoi représenteraient-ils un danger, et pour qui ?

C’est avec beaucoup de brio qu’Antoine Sénanque nous conduit dans cette seconde moitié du XIVe siècle, non seulement en Occident, mais aussi en Orient. Nous y rencontrons ainsi les terribles Mongols de la Horde d’Or qui ont occupé la Russie méridionale pendant un peu moins de deux siècles. Nous fréquentons également, et très assidument, Maître Eckart célèbre théologien dont les écrits et les sermons ont une influence considérable sur ses contemporains, au point d’inquiéter l’Eglise, qui finit par condamner ses œuvres. Le récit nous fait découvrir les intrigues, souvent sordides, qui minent l’institution ecclésiastique, ébranlant jusqu’à l’autorité du Pape alors réfugié en Avignon.
Il se dégage de ce beau roman un véritable souffle épique, mais aussi une certaine dimension philosophique. L’atmosphère qu’il dépeint n’est pas sans rappeler Le nom de la rose d’Umberto Eco si magnifiquement porté à l’écran par Jean-Jacques Annaud.

L’auteur s’est visiblement beaucoup documenté sur l’histoire, les mentalités, mais aussi la vie spirituelle d’une époque encore hantée par le passage dévastateur de la Peste. Au final, c’est une œuvre qui devrait ravir les amateurs de romans historiques et les amoureux du Moyen-Age, à la fois si lointain, mais toujours bien présent à maints égards. Sans doute le lecteur ne la refermera-t-il qu’après s’être délecté des ultimes rebondissements du récit. Et vous, tentés par ce voyage dans les temps médiévaux ?


👉 Poursuivez votre lecture avec ma précédente chronique : À quoi songent-ils ceux que le sommeil fuit ?
👉 Pour plus de chroniques et d’actualités autour du livre, retrouvez moi sur Instagram.

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *