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Brontëana – Paulina Spucches


Ce magnifique roman graphique aux couleurs chatoyantes nous entraîne au XIXe siècle dans l’Angleterre victorienne. Au prime abord, le contraste entre l’éclat des couleurs du dessin et l’univers sombre des romans des Sœurs Brontë ainsi que le décor austère de leur lieu de vie est saisissant. Mais, ces rouges, ces mauves ces ocres et ces verts si vifs reflètent à la perfection la puissance imaginative et la force d’émotion qui jaillissent de leurs œuvres ainsi que la beauté de la nature sauvage et les teintes réelles des paysages de landes du Yorkshire qu’elles parcouraient.

Cette biographie fictionnelle a la particularité de s’intéresser à la moins connue des trois sœurs : Anne, la benjamine, beaucoup moins célèbre que Charlotte ou Emily, mais aussi lumineuse que sa plume était incisive. Nous la découvrons donc, rejetant son destin tout tracé de gouvernante, entêtée et ignorante des recommandations de ses ainées sur la difficulté d’être reconnue lorsqu’on est une femme qui écrit dans la société anglaise étriquée et patriarcale de l’époque. Nous appréhendons également le soutien mutuel indéfectible qui les unissait. C’est ainsi sous pseudonymes masculins que les 3 sœurs bravant l’interdit obtiendront d’abord le succès.

Le portrait d’Anne est cependant l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire de vie de la famille Brontë, le père et la tante, le fantôme de la mère et des 2 sœurs ainées décédées, Branwell, le frère tourmenté, écrivain au grand jour contrairement à ses sœurs, mais qui n’obtiendra jamais la place escomptée de sauveur de la famille. Enfin, il nous rappelle combien le destin de la fratrie fut tragique, tous étant décédés jeunes de maladie. On y découvre aussi l’enfance des 3 sœurs, débordantes d’imagination, qui s’inventaient des mondes magiques dans des jeux de rôles et d’écriture.

Evidemment, vu l’amour que je porte aux écrits des sœurs Brontë (Jane Eyre et les Hauts de Hurlevent sont parmi mes classiques préférés depuis l’adolescence et sans doute les 2 romans dont je possède le plus d’éditions différentes dans ma bibliothèque !), ce titre et sa superbe couverture présent sur les rayonnages de la médiathèque ne pouvait que m’attirer. Bien m’en a pris, car l’autrice, visiblement passionnée par l’univers des Sœurs Brontë, a mis son talent au service de cette histoire passionnante, à la fois fidèle à la biographie mais également pleine de poésie et d’onirisme dans le scénario et les illustrations pour nous offrir un très bel hommage poétique.

A noter qu’elle s’est rendue au Presbytère d’Haworth, lieu de vie de la famille et aujourd’hui musée, afin d’étudier dans la bibliothèque pour mieux s’imprégner du décor et de leur souvenir, Elle clôt ce roman par une chronologie qui nous en apprend beaucoup sur leur vie et par une riche bibliographie des œuvres mais aussi des biographies reconnues.

En ce qui me concerne, cette lecture fut le point de départ d’une envie irrépressible de me replonger dans certains ouvrages et d’en découvrir de nouveaux : Agnès Grey et la Recluse de Wildfell d’Anne Brontë (roman féministe précurseur) sont au programme de mes lectures de ces prochains mois, ainsi que la biographie Les sœurs Brontë: la force d’exister de Laura El Makki, sans oublier évidemment la relecture des romans dont je ne me lasserai jamais. Quelles œuvres avez-vous lues ? Quelle est votre préférée ?


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