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Ce parfum rouge – Theresa Révay


L’intrigue du roman de Theresa Révay, Ce parfum rouge, se déroule entre Paris, Lyon et Moscou, entre 1934 et 1936. Le personnage principal, Nine Dupré, a dû fuir la Russie bolchevique avec sa mère et son frère, après l’arrestation de son père, parfumeur français reconnu, établi à Moscou sous la Russie des tsars et créateur d’un célèbre parfum : l’Aube Rouge.

Le parfumeur français Léon Givaudan la prend en affection et sous son aile, lui permettant de concourir à Lyon et de se faire remarquer par la « Tsarine de la parfumerie russe », riche et influente directrice d’une société proche du pouvoir, que Staline utilise pour affirmer le rayonnement de la « nouvelle civilisation » d’URSS auprès du monde occidental et célébrer par la création d’un parfum unique les 20 ans de la révolution bolchevique.

Theresa Revay plonge son héroïne, et son lecteur, dans une aventure romanesque et historique qui les conduira jusqu’au cœur du Kremlin, sur les chemins mystérieux de l’histoire familiale de Nine et sur ceux, non moins tourmentés, de la Grande Histoire de la Russie. Que découvrira t-elle au bout de sa quête ? Quels secrets de famille ? Le succès et l’amour seront-ils au rendez-vous pour celle qui évolue avec passion et talent dans un monde d’hommes où la concurrence est féroce ? Parviendra t-elle à élaborer la formule du parfum rouge qu’elle cherche à créer pour rivaliser avec les plus grands, y compris avec l’héritage de son père ?

J’étais très attirée par ce monde étonnant de la parfumerie et je n’ai pas été déçue. Le livre regorge de passages techniques très documentés et précis sur la création des parfums, mais qui sont autant de découvertes d’un monde voluptueux où les fragrances et les émotions qu’elles induisent sont décrites avec beaucoup de sensualité et de poésie. Pour autant, rien n’est occulté de la difficile vie quotidienne dans l’URSS stalinienne : misère, famine, fastes du pouvoir, trahisons, arrestations et déportations sous le régime de la Terreur du « Vojd », le Tyran Rouge qui entretient une dictature basée sur un culte de la personnalité, la propagande et le prétendu avènement d’un nouveau bonheur populaire.

Je vous conseille vivement de prolonger la lecture du livre par celle de la genèse de son écriture. En effet, le récit prend d’autant plus d’ampleur lorsqu’on apprend que l’autrice est en fait l’arrière petite fille de Xavier Givaudan, frère de Léon Givaudan. Elle a souhaité dans ce récit romancé rendre hommage à ses illustres aïeux, dont la maison et le patrimoine olfactif, qui ont marqué l’histoire de la parfumerie française, perdurent encore dans l’univers actuel des senteurs. Pour ce faire, elle a effectué un remarquable travail de recherche à partir des archives familiales et industrielles, d’où un grand réalisme dans la description des milieux de la parfumerie de l’époque et beaucoup de références aux grandes maisons françaises (François Coty, Patou, Poiret, Chanel, Bourgeois, Guerlain…).

Toute aussi fouillée est son exploration de l’Histoire de la France de l’entre-deux guerres, et particulièrement des années 30 dont l’atmosphère est brillamment restituée, ou encore celle de la ville de Lyon sous la conduite d’Edouard Herriot, cherchant à rivaliser avec la capitale parisienne du luxe. Un florilège de célébrités sont ainsi présentes dans le récit, qui est, en ce sens, un subtil mélange de fiction et d’éléments historiques réels. Encore un plaisant voyage avec la découverte d’une lecture captivante grâce aux Editions Stock et à Netgalley France que je remercie.


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