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« L’Inuite » – Mo Malø


Dès le début de ce captivant polar, nous sommes dans l’ambiance. Dans un village reculé du Groënland, 10 ans après le meurtre de son grand-père, une adolescente inuite est sauvagement assassinée peu après avoir accouché de son petit garçon. La jeune fille était aidée par Panik la sage-femme itinérante, au tatouage et à l’amulette de phoque, que tout semble désigner coupable notamment sa fuite peu après son arrestation.

C’est Bjorn Westen, responsable de la police locale et son fils/adjoint qui sont chargés de l’enquête alors même que la fermeture de leur poste de police les menace, et qui se lancent dans une poursuite effrénée sur les pistes enneigées et les traces de la suspecte. Au même moment, au Danemark, le policier Tim Osterman est sous la menace d’une mutation au Groënland. Pour l’éviter, il doit résoudre en un délai record un cold case en lien avec une affaire politique ayant ébranlé l’opinion danoise : la reconnaissance officielle du gouvernement de sa responsabilité dans la déportation de 22 enfants inuits en 1951 destinés à recevoir une éducation danoise afin de devenir l’élite de la colonie, mais qui n’ont jamais pu retrouver leur famille. Les deux enquêteurs (inuit et danois) parviendront-ils à résoudre ces mystérieuses énigmes, dont on pressent qu’elles ont inévitablement un lien entre elles…

Mo MALØ, dont je découvrais la plume, m’a littéralement embarquée dans un fascinant et dépaysant voyage dans le grand nord et les terres arctiques. J’ai été totalement séduite par ses descriptions des paysages grandioses et sauvages dont il ponctue son histoire : tout y est, l’immensité, le froid, la blancheur immaculée, le danger qui rode, la vie rude des populations, les meutes de chiens de traineau, les courses de mushers… Je tiens également à saluer les allusions aux préoccupations climatiques actuelles et les évocations d’une banquise menacée avec ces icebergs en déroute. La connaissance de l’histoire et des mœurs des populations autochtones, ainsi que la part prépondérante que prend la culture inuite dans le récit m’ont impressionnée et beaucoup appris, que ce soient les rites ou même le langage.

Le déroulement des deux intrigues en parallèle dans les deux pays et sur plusieurs époques est passionnant et les révélations sur leur point de rencontre, distillées avec parcimonie et brio à travers de nombreuses pistes, entretiennent un suspens qui empêche de lâcher le roman avant un épilogue qui n’est pas forcément celui qu’on attend… S’y ajoutent des personnages aux personnalités attachantes bien que complexes qui évoluent à travers un pays fascinant marqué par une histoire colonialiste aux conséquences dramatiques qui n’est pas sans rappeler d’autres exactions commises en d’autres lieux et d’autres époques, hélas encore d’actualité parfois.

Vous l’aurez compris ! Une très belle découverte que ce roman qui place la construction de l’identité humaine en son centre. Je remercie vivement Les éditions de la Martinière et Netgalley France de cet envoi. Une chose est sûre : ce premier Mo MALØ ne sera pas le dernier pour moi !


👉 Poursuivez votre lecture avec ma précédente chronique : La danse de l’inquisiteur de H. Favre.
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