|

Le photographe des disparus – Caroline Scott


En Angleterre, durant la Grande Guerre, trois frères, Francis, Harry et William, s’engagent dans l’armée et partent combattre en France en février 1916. William est tué dès la même année durant la bataille de la Somme. Francis est porté disparu, présumé tué à l’automne 1917 près d’Ypres. Seul Harry, quoique blessé, survit au terrible conflit.

En 1921, Emily, l’épouse de Francis, reçoit une enveloppe contenant une photographie, le portrait d’un homme qui ressemble trait pour trait à son époux. Le cliché a été mystérieusement envoyé depuis la France, sans légende ni courrier d’accompagnement. Francis serait-il toujours vivant ? Avec espoir, elle décide de partir à sa recherche, bientôt rejointe par son beau-frère Harry. Ce dernier gagne désormais sa vie en photographiant les tombes des soldats tués, à la demande des familles éloignées des lieux de sépulture. Jusqu’où la quête des deux héros va-t-elle les mener ?

Au-delà de cette intrigue empreinte de mystère, au demeurant bien construite, le roman de Caroline Scott vaut par la description fidèle du climat de l’immédiat après-guerre. Elle dépeint avec beaucoup de justesse et de sensibilité l’état d’esprit des survivants : certains restent sur les champs de bataille et ne peuvent « quitter la guerre », hantés par la mémoire de leurs camarades ou proches disparus ; d’autres culpabilisent d’avoir survécu. Du côté des familles, le difficile travail de deuil est minutieusement décrit, ainsi que son impossibilité lorsque le proche est porté disparu, l’espoir de le retrouver vivant empêchant la famille de le débuter.

L’atmosphère des villes et villages détruits, des vestiges des combats, est restituée avec beaucoup d’émotion, notamment le silence pesant qui règne en ces lieux après tant de fracas et de douleur.
En contrepoint, l’autrice, qui semble avoir une excellente connaissance de cette période de l’histoire, évoque les débuts de la reconstruction et le retour progressif à une vie normale malgré la présence obsédante des trop nombreux morts. Enfin, il nous faut saluer la peinture des scènes de combat qui, pour autant que l’on sache, ne sont que chaos, fureur et souffrance.

On referme ce livre avec une certaine difficulté à quitter les personnages, tous très attachants dans leur complexité psychologique, mais aussi les émotions très fortes que l’autrice sait communiquer à son lecteur avec un indiscutable talent. En cela, elle rejoint d’autres ouvrages sur la même thématique comme Le chagrin des vivants d’Anna Hope, Un long dimanche de fiançailles de Sébastien Japrisot ou, plus récemment, Le soldat désaccordé de Gilles Marchand.

Un magnifique roman historique qui transporte le lecteur de l’Angleterre à la France dans une époque sombre mais pleine d’espoir, qui est aussi un récit poignant sur le travail de deuil et de mémoire et un livre hommage aux soldats tombés pendant la première guerre mondiale.
Je remercie les Éditions de l’Archipel et Netgalley pour l’envoi de ce livre plein d’humanité.


👉 Poursuivez votre lecture avec ma précédente chronique : Sarà perche ti amo de Serena Guiliano.
👉 Pour plus de chroniques et d’actualités autour du livre, retrouvez moi sur Instagram.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *