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Profils perdus – Virginie Bloch-Lainé


Cette autobiographie est un bel hommage rendu à son père Jean-Michel, énarque, ancien inspecteur des finances, haut fonctionnaire à la Direction du Trésor, décédé en 2017.

La journaliste de Libération, habituée des interviews de personnalités, dresse ici un portrait intimiste de ce personnage atypique, à la fois grand commis de l’Etat plaçant les valeurs de la République et le sens du devoir au-dessus de tout, catholique croyant issu d’une famille de convertis, amoureux de son pays basque, boxeur et grand sportif, souvent mélancolique mais amateur de blagues potaches, qui a mis beaucoup de bohème et de fantaisie dans sa vie d’enfant de divorcés.

Le portrait du père sert de point de départ à toute une galerie de figures masculines et à la description des rapports entretenus par l’autrice dans la constellation des hommes de sa vie. On y retrouve les grands-pères, l’oncle médecin, le mari qui a mis fin à ses jours, les proches de toujours, l’ami algérien, l’ami d’enfance, l’amant infidèle, et même son fils Raphaël.

La littérature tient une place importante dans le récit, où l’on croise Alain Finkielkraut, ainsi que des références aux écrits de Philippe Roth, entre autres… Si la lignée des femmes de la famille est évoquée, elle reste néanmoins en arrière-plan au regard de l’empreinte laissée par les figures masculines. La structure du livre est originale par des allers-retours sur ces portraits d’homme à des époques différentes, avec en filigrane le leitmotiv de la présence paternelle dans la carte du tendre des hommes de la vie de l’autrice.

C’est un récit très personnel dans lequel il peut paraître difficile de se projeter à première vue pour le lecteur peu habitué à graviter dans les milieux intellectuels et bourgeois parisiens. Mais, j’ai aimé la narration pleine de sensibilité et le message d’admiration et d’amour adressé au père désormais disparu mais dont la présence marque encore si intensément la vie de l’autrice. La photo de famille en couverture où elle court aux côtés de l’homme tant admiré parle d’elle-même. Un instant fugace de vie qui demeurera à jamais.


👉 Poursuivez votre lecture avec ma précédente chronique : Brontëana de Paulina Spucches.
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